Le voyage a toujours été une histoire de famille. Et donc indirectement, la photo en faisait partie. J’ai grandi en regardant et écoutant les récits et les photos des différents voyages de ma famille. A 18 ans, je suis passé du caméscope familial à mon premier appareil photo, je l’ai vu comme deux choses : un débouché créatif pour filtrer un monde compliqué et un outil qui, s’il est bien utilisé, pourrait me faire vivre des moments privilégiés. Une grande histoire commença. Tout d’abord les photos de soirées avec les copains, les concerts puis enfin les photos de voyage avec la famille.
A 20 ans je suis partie en Nouvelle Calédonie, seul, avec quelques affaires et 3 sous en poche, et bien sûr mon appareil. Ce voyage était plus une histoire de passage à l’âge adulte pour moi qu’autre chose. Ce fut une expérience de liberté immense. J’étais embauché en service civique à Nouméa, ma mission était de travailler sur la communication digitale d’une association écologiste. Mais une mauvaise gestion, des bénévoles qui ne s’entendaient pas, tous ces éléments m’apportaient assez peu de travail sur place dans les bureaux. Cependant, cela me convenait car je me suis rendu compte que rester dans un bureau alors qu’il y avait tout une île à découvrir me rendait fou.
Je me suis donc baladé dans les rues de Nouméa, dans les montagnes qui l’entourent, avec mon appareil en main. À l’époque, ma durée d’attention était d’environ 20 secondes, mais la photo nécessite d’être attentif et être prêt à déclencher l’appareil pour capturer les moments rares. J’ai compris que pour vraiment documenter un lieu il ne fallait pas juste s’y balader quelques instants, mais y consacrer des jours pour capter au mieux un seul instant. Cette approche m’a aussi appris que lorsque l’on veut quelque chose il faut se donner du mal pour y arriver. En fait, toutes les meilleures leçons que j’ai apprises n’étaient pas dans une salle de classe ou derrière un ordinateur, mais sur le terrain, sur la route. Je me suis rendu compte que ces longues périodes de concentration sur la prise de vue sont importantes pour qu’un travail ait du sens.
J’ai croisé à plusieurs reprises ce vieil homme dans les rues. À chaque fois, soit je n’étais pas prêt, soit il n’était plus dans un cadre satisfaisant. Ou bien alors la situation ne se prêtait pas à une photo. Ce jour-là complètement par hasard je l’ai vu sur ce banc, j’ai sorti l’appareil, pris la photo, ranger l’appareil et continuer mon chemin.
Extrait de la série de photos intitulée :Résiduel Dans cette série je m’intéresse à des objets, des bâtiments, des véhicules ou toute autre chose, laissés là au milieu de nulle part, pendant la période de la ruée vers l’or, vers des anciennes mines de diamants. Ou bien sur le rivage… En 2018 cette série de photos a pu être exposées et diffusées en masse sur Internet.
Une fois de retour en France j’ai cherché à donner plus de sens à mes photos. Raconter l’histoire d’un moment avec mes images capturées. Mais je n’arrivais pas à trouver cette inspiration et cette liberté de créer des images comme je les avais en Nouvelle Calédonie. J’ai finalement réussi à les trouver à travers la photographie de paysages et de paysages de montagne.
Depuis tout petit mes parents m’ont habitué aux voyages en camping-car, en France et en Europe, puis les voyages à l’étranger en 4x4 aménagé. Fortement influencé par les récits de mon père qui avait aménagé sa 4L pour se rendre en Europe du Nord, ainsi que par les photographes d’aventures populaires sur les réseaux sociaux, j’ai moi aussi adopté le mode de vie fourgon aménagé, appareil photo, et grands espaces, bien que certains grands photographes du siècle dernier tels que Hansel Adams l’avaient adopté bien avant la mode van life que l’on voit sur les réseaux sociaux. Mais ce qui me frappe le plus, dans les images de ces superstars de la photographie, c’est la liberté qu’elles évoquent. Ces images combinent la beauté de paysages étonnants, l’appareil photo pour les documenter et le véhicule pour vous y emmener. Et je savais que je voulais ça.
C’est un talent de savoir s’amuser. Ce qui est merveilleux dans l’enfance c’est que tout peut être amusement et merveilles. Ici les jeunes garçons kirghizes arrachent la paille au camion du paysan. Au vu du peu de véhicules disponibles dans le pays, les agriculteurs Kirghizes chargent au maximum les camions afin d’optimiser autant que possible les transports quitte à prendre de gros risques sur la route.
Comme si l’on vivait à une autre époque, alors que certains cherchent à acquérir des voitures de luxe, d’autres se déplacent comme ils le peuvent. Ici une mère kirghize emmène son jeune garçon à l’école, avant d’aller rejoindre un stand de souvenirs destiné aux peu de touristes de la région
Aujourd’hui je travaille à capturer des images et des histoires qui incitent les humains à considérer leur relation avec la nature tout en favorisant la préservation des lieux sauvages. Ces photos signifient beaucoup plus pour moi qu’une simple image, parce que j’ai donné une partie de moi-même pour y arriver.
D’une certaine manière cela me fait me sentir vivant à un point que je n’avais jamais ressenti auparavant. En effet quoi de plus satisfaisant que d’arriver au sommet d’un col ou d’une montagne après quelques heures de marche ou même parfois plusieurs jours, de remonter le cours d’une rivière à pied pour en atteindre son affluent ou sa source.
Je travaille actuellement sur une série de photos tournées vers un monde plus sombre et brumeux avec SILENCE.
SILENCE, c’est le monde de la montagne et de la glace, lorsqu’il est le moins accueillant. En effet en montagne lorsque les nuages arrivent, que la lumière tombe, que le vent souffle, chacun a pour habitude de rentrer s’abriter chez soi. C’est pour moi une nouvelle journée qui commence. Au milieu d’un monde plein de bruits, cela m’a toujours fasciné que certains des plus beaux événements de la nature se produisent dans un pur silence. Ce sont des moments éphémères, le sommet apparaissant entre deux nuages, la formation de glace sur les rochers, tout ceci ne dure qu’un court instant. Ils seront différents dans 1heure, dans 1semaine ou la saison prochaine
La photographie est un passeport pour l’aventure, un moyen d’inspirer les autres à voyager, à trouver de la joie et à rechercher des expériences en dehors de leur zone de confort.
Ce texte a été rédigé dans le cadre du concours The Artist academy, présidée par Yann arthus Bertrand
Concours pour lequel j'ai été nommé lauréat 
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